SITUATION DE LA SENSIBILITE DES MEDICAMENTS ANTIPALUDIQUES AU KENYA
B.A. Rapuoda, J.H. Ouma, K. Njagi, J.A. Otieno, B. Khan, S. Omar
RESUME
L'objectif du programme national de lutte antipaludique est de diminuer Ia morbidité et la mortalité induite par le paludisme de 30% en une période de cinq ans par le biais de diverses interventions. La prise en charge des cas est considérée comme étant l'intervention la plus importante. La principale stratégie recommandée par l'OMS est un diagnostic précoce et un prompt traitement avec des médicaments antipaludiques efficaces. Bien que la chloroquine soit le médicament de première intention pour le traitement du paludisme non compliqué au Kenya, les rapports issus des praticiens et des chercheurs du Kenya suggèrent que la chloroquine n'est plus efficace dans le traitement du paludisme dans certaines régions du Kenya.
Court historique de la chloroquinorésistance au Kenya
La résistance de P. falciparum à la chloroquine au Kenya a été rapportée pour la première fois chez un touriste en 1979 (Foght et coll., 1979). Après cela, il a été effectué des études du schéma de la chloroquinosensibilité au Kenya et un cas indigène de chloroquino résistance a été rapporté chez un nouveau-né à Kisumu en 1983 (Spencer et coll., 1983). Les autres études de chloroquinosensibilité entreprises plus tard dans diverses parties du pays ont mis en évidence l'existence de taux de résistance à P. falciparum allant de 0% dans le Turkana (Clarje et coll., 1996), 56% dans la partie occidentale du Kenya, 61% dans les zones de non-endémie du paludisme à 72% sur Ia côte (Khan et Nevill, 1996 Rapport non publié). Ces résultats étaient toutefois basés sur des interprétations parasitologiques de la réponse au traitement par la chloroquine plutôt que sur des données obtenues à partir des réponses tant parasitologiques que cliniques.
Interprétations de la sensibilité aux médicaments
Un facteur reconnu dans les pays où le paludisme est endémique est qu'il existe habituellement un haut niveau de parasitémie asymptomatique dans la communauté (Salako et coll., 1990). L'interprétation de la résistance d'un médicament antipaludique peut par conséquent être trompeuse. Pour combler le vide entre une interprétation exclusivement parasitologique ou clinique, l'OMS a tenu une réunion informelle à Genève en 1994 (OMS, 1994) et le groupe a recommandé que l'interprétation des données de la sensibilité antipalustre soit basée sur des réponses tant cliniques que parasitologiques. Il a également été recommandé que les pays endémiques d'Afrique aient une façon uniforme d'interpréter les données relatives à la sensibilité des médicaments antipaludiques de manière à ce que les données émanant de différents pays puissent être comparables.
Expérience kenyane
Le ministre de la santé du Kenya, avec l'assistance de l'OMS, a entrepris des études de sensibilité dans plusieurs zones épidémiologiques du pays de manière à mettre à jour les Consignes nationales relatives aux traitements cliniques (MOH, 1994).
Des études portant sur la chloroquinosensibilité de P. falciparum en utilisant la nouvelle technique de test in vivo des médicaments antipaludiques préconisée par l'OMS ont été effectuées sur des enfants âgés de 6 mois et de 5 ans à Kisumo, Bondo et Kwale. Ces études ont mis en évidence que la résistance globale à la chloroquine dans ces régions était de 66 à 85% (Rapuoda et coll., 1996).
Ces résultats suggèrent que, dans certaines parties du pays, il est nécessaire de remplacer la chloroquine, à titre de médicament de première intention utilisé pour le traitement du paludisme non compliqué, par un médicament plus efficace.
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