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Malaria N° 9 - Sujet N° 17
PROGRAMME NATIONAL ANTIPALUDIQUE, L'EXPERIENCE KENYANE
J.H. Ouma
RESUME
Le paludisme représente la principale cause de morbidité et de mortalité parmi toutes les maladies infectieuses au Kenya, avec 30% des patients ambulatoires ; bien que sa distribution ne soit pas
uniforme dans le pays, la mortalité infantile est élevée et l'UNICEF estime que près de 25 000 enfants meurent de paludisme chaque année (le nombre exact de décès est
inconnu car la plupart surviennent à domicile). On estime que les enfants non immunisés peuvent avoir de 2 à 5 accès de paludisme et les adultes de 10 à 20 jours d'invalidité en raison de la maladie (chiffres annuels). Près de la moitié des cas de paludisme sévère non traités ont une issue fatale et seule une minorité des patients sont hospitalisés ; par ailleurs, près de 10 % des survivants ont des séquelles mentales plus ou moins graves.
Au Kenya, le principal parasite responsable du paludisme est Plasmodium falciparum, qui représente au moins 90 % des cas de paludisme. Les autres espèces sont P. malariae, P. vivax et P. ovale. Les principaux vecteurs du paludisme sont les moustiques des genres Anopheles gambia et Anopheles funestus. La distribution du paludisme et de ses vecteurs suit la carte des pluies.
Le problème du paludisme au Kenya peut être résumé comme suit :
- Près de 20 millions de personnes sont exposées à une transmission régulière du paludisme, dont 3,5 millions d'enfants de moins de 5 ans, dont 26 000 décèdent chaque année (72 enfants par jour) des conséquences directes de l'infection. Plus de 145 000 enfants développeront des complications sévères.
- Les femmes enceintes vivant dans les régions où le paludisme est endémique, surtout si elles sont à leur première ou deuxième grossesse, ont un risque accru d'anémie sévère directement liée au paludisme et une plus haute incidence de naissances prématurées. Plus de 6 000 primigravides développent chaque année une anémie sévère d'origine palustre.
- Depuis les années 80, le paludisme épidémique (instable) augmente en fréquence et en sévérité parmi les zones densément peuplées et économiquement importantes des hauts plateaux occidentaux du Kenya. Les pluies de 1997/1998 issues de El Nino ont entraîné des épidémies dévastatrices dans les zones arides de la province du
Nord-Est. Près de 8,5 millions de Kenyans sont exposés au risque d'épidémies.
- Le Kenya est connu comme l'épicentre de la résistance à la chloroquine sur le continent africain. La chloroquine n'est plus efficace dans plus de 60% des épisodes cliniques dans le pays et a été remplacée comme traitement de première intention par l'association sulfadoxine-pyriméthamine (SP) qui, elle-même, présente déjà certains signes d'une moindre efficacité dans plusieurs régions du pays.
- L'industrie touristique, première source de devises dans nos échanges internationaux, pâtit également de cette menace de paludisme.