English version

Malaria N° 6 - Sujet N° 2


DISPONIBILITE ET EMPLOI DE MEDICAMENTS ANTIPALUDIQUES AU NIVEAU DE LA COMMUNAUTE DANS LE MEME DISTRICT DU NORD-EST DE LA TANZANIE
M.S. Alilio, M.L. Kamugisha, F.K. Msuya, J.L. Massaga, F.M. Salum & K.J. Njunwa


RESUME
Cette étude a été conduite dans 12 villages du district de Same, dans le nord-est de la Tanzanie, pour apprécier la disponibilité, la demande et l’emploi fait de la chloroquine par les magasins de vente au détail hors du système sanitaire primaire existant. Des informations ont été recueillies par le biais de discussions approfondies avec 31 kiosques et propriétaires de magasins de détail et de causeries semi-structurées avec 204 membres de domiciles individuels choisis au hasard. Il a été mis à jour que 95% de la chloroquine stockée provenait de marchés privés non contrôlés, principalement du Kenya, d’Inde, du Pakistan, d’Afrique du Sud et de quelques industries locales. Les propriétaires des kiosques et des magasins de vente au détail stockent différentes marques de chloroquine, à des prix allant de 10 à 50 shillings tanzaniens (0,02 à 0,1$ US respectivement) par comprimé. Les noms commerciaux de la chloroquine stockée sont l’homaquine, la malaraquine, la dawaquine, la maxaquine, la shelyquine, la nivaquine et la résochine. L’homaquine représente plus d’un quart des marques de chloroquine stockées. Bien que la plupart des kiosques et des magasins de vente au détail aient détenu plus d’une marque de chloroquine, les informations notées sur les récipients de ces marques ne faisaient pas de différence en ce qui concerne le contenu en 4-aminoquinoline. Quatre-vingt-dix pour cent des propriétaires de kiosques et des commerçants interrogés se fiaient aux instructions données par les fabricants lors de la vente et de la distribution des marques de chloroquine. Dix pour cent seulement des propriétaires de kiosques et des commerçants et 17% des clients connaissaient les posologies correctes de chloroquine à administrer aux enfants. Ces découvertes suggèrent que des mesures rigoureuses doivent être instituées pour garantir des ventes satisfaisantes de médicaments antipaludiques sur le marché ouvert. Ceci pourrait être réalisé par le biais d’une assurance de qualité et de la fixation du prix de diverses marques de chloroquine. Le besoin se fait également sentir d’éduquer les propriétaires de kiosques et de magasins et la communauté dans son ensemble sur les conditions de conservation, les posologies correctes et les effets du paludisme puisqu’il est toujours le principal problème de santé du monde, exposant environ 40% de l’ensemble de la population du monde à ce risque. Il est estimé que 90 millions de personnes par an souffrent du paludisme dans la portion sud saharienne d’Afrique (OMS, 1990). En Tanzanie, le paludisme est la cause majeure de la morbidité et rend compte d’environ 31% des personnes venant consulter en extérieur (MoH, 1995).
Le gouvernement tanzanien reconnaît que les soins de la santé sont une prescription de base pour tous. Ces dernières années, l’objectif de l’organisation mondiale de la santé pour tous a été atteint dans le pays par le biais du système sanitaire primaire selon lequel un réseau étendu de services de ligne frontale est délivré par une chaîne de structures sanitaires primaires. L’emploi de ces structures sanitaires a toutefois été amoindri, entre autres, par le manque de médicaments (Gilson et coll., 1994). En conséquence, les patients achètent des médicaments auprès de sources diverses. Ainsi, plusieurs marques de chloroquine sont disponibles dans les kiosques, magasins de vente au détail, marchés et pharmacies (Mnyika et coll. 1995). Ces marques de chloroquine sont vendues sans prescription dans les marchés ouverts, ce qui augmente le risque d’emploi incorrect (Mnyika et coll., 1991 ; Ongore et Nyabola, 1996). Un tel usage inapproprié et répandu d’antipaludiques et les taux croissants de résistance médicamenteuse (Kilimali, 1985) nécessitent des études qualitatives plus détaillées au niveau de la communauté de manière à ce qu’elles produisent des recommandations plus détaillées sur la façon dont les problèmes pourraient être résolus. Cette étude sociologique à coupe transversale a par conséquent été entreprise pour apprécier l’emploi que fait la communauté des divers antipaludiques et de leurs sources.

MOTS-CLES : Paludisme, Kiosques, Magasins de vente au détail, Antipaludiques, Tanzanie


Sommaire N°6Résumé précédentCommander cet articleRésumé suivantSommaire suivant
Pages maintenues par Dr. Stéphane DUPARC - Septembre 97