3ème CONFERENCE PANAFRICAINE SUR LE PALUDISME
3rd PANAFRICAN MALARIA CONFERENCE

2ème SESSION SCIENTIFIQUE
EPIDEMIOLOGIE DU PALUDISME
SCIENTIFIC SESSION N°2
MALARIA EPIDEMIOLOGY
LES RELATIONS ANOPHELES - PLASMODIUM ; CONSEQUENCE POUR LA TRANSMISSION DU PALUDISME
V. Robert
RESUME
Les relations anophèles-vecteurs constituent un sous ensemble des inter-relations qui relient les trois acteurs du paludisme: l'Homme, le Plasmodium et l'anophèle.
La transmission du paludisme concerne aussi bien le passage du parasite dans le sens moustique-Homme que dans le sens Homme-moustique. Aussi, dans le but d'illustrer quelques points particuliers des relations Anophèles-Plasmodium et leurs conséquences pour la transmission du paludisme, seront successivement abordés : la piqûre infectée d'un anophèles les facteurs modulant l'infectivité des gamétocytes pour le vecteur, et enfin les relations transmission-morbidité-mortalité.
La piqûre de l'anophèle porteur de sporozoïtes dans ses glandes salivaires recouvre trois processus à la fois distincts et liés : la pénétration des pièces buccales (probing), l'injection de salive contenant les sporozoïtes, et le gorgement (feeding). Les connaissances nouvelles relatives à cette piqûre infectée concernent principalement les quatre points suivants :
- (1) Le nombre de sporozoïtes effectivement injectés dans l'hôte est de l'ordre d'une dizaine, mais peut exceptionnellement atteindre plusieurs centaines. Ce nombre est étonnamment faible et correspond à peu près à 1 % du nombre de sporozoïtes contenus dons les glandes salivaires.
- (2) Les sporozoïtes injectés dans la peau pendant le probing semblent les seuls à pouvoir parvenir dans le foie de l'hôte. Les sporozoïtes injectés dans le vaisseau sanguin pendant le feeding sont sans avenir pour le cycle parasitaire car ils sont aussitôt réingérés par le moustique dans son repas de sang.
- (3) Le succès d'une seule piqûre pour infecter un hôte non immun n'est jamais absolu ; quoiqu'encore imparfaitement évolué il pourrait être de l'ordre d'une chance sur deux.
- (4) Le comportement de piqûre de l'anophèle avec des sporozoïtes dans les glandes salivaires semble modifié, selon les espèces de vecteurs et peut-être aussi selon l'espèce plasmodiale, avec une augmentation du temps de pénétration des pièces buccales, et/ou une augmentation du nombre moyen d'hôte piqué pour atteindre une réplétion complète ; ces modifications favorisent la transmission du paludisme.
Les facteurs modulant l'infectivité des gamétocytes pour le vecteur sont nombreux et encore relativement méconnus. Les facteurs exposés ici sont au nombre de six :
- (1) La densité gamétocytaire est probablement le facteur le plus évident ; les plus faibles densités gamétocytaires ont une faible probabilité d'être infectante pour le moustique mais, dans certains cas, de fortes densités ne sont manifestement pas infectantes.
- (2) Le statut dréponocytaire du porteur de gamétocytes augmente le pouvoir infectant de ses gamétocytes.
- (3) La forte proportion de gamétocytes mâles joue également un rôle favorisant le succès de l'infection.
- (4) Des facteurs sanguins, relevant de l'immunité limitant ou bloquant la transmission,
peuvent avoir un rôle important.
- (5) L'âge des gamétocytes est un facteur important encore trop peu documenté. Les gamétocytes très jeunes, au moment où
ils apparaissent dans la circulation périphérique sont peu/pas infectants ; de même, les gamétocytes âgés de
plusieurs semaines présentent une infectivité réduite.
- Enfin (6), l'impact direct ou indirect de médicaments antimalariques peut avoir une grande importance. A titre d'exemples la chloroquine possède un effet stimulant L'infectivité des gamétocytes l'association sulfadoxine-pyriméthamine a un effet sporonticide. Les facteurs
étudiés qui n'influencent pas l'infectivité pour le vecteur sont : le sexe des porteurs de gamétocytes, leur groupe sanguin, leur facteur rhésus, leur température, et enfin
la présence et la densité des parasites sanguins asexués.
Les relations transmission-morbidité-mortalité sont au coeur de la problématique de la lutte anti-anophélienne. En zone épidémique ou de faible
endémie il est solidement établi que la transmission doit être la plus faible possible. Par contre, en zone de moyenne ou de forte endémie, la comparaison de situations épidémiologiques différant par le niveau de transmission apportent des arguments solides sur le fait que le niveau de transmission n'est pas un déterminant de la morbidité et de la mortalité palustre globale.
Cependant ce niveau de transmission est un déterminant de la dynamique de la morbidité et de la mortalité d'acquisition de la prémunition : en zone de forte transmission les classes d'âge les plus jeunes sont nettement les plus touchées en zone de forte transmission celles qui ont les plus forts taux de morbidité et mortalité, alors que les conséquences du
paludisme se répartissent plus équitablement entre les différentes classes d'âge dans les zones de transmission plus faible. De très nombreux projets de lutte anti-vectorielle (par exemple avec des
moustiquaires imprégnées d'insecticide) ont montré une efficacité certaine et une amélioration de la situation sanitaire palustre mais il probable :
- (1) Que cette amélioration ne soit qu'un effet à court terme (un ou deux ans) et/ou
- (2) Que cette amélioration ne soit pas
seulement due à la réduction de la transmission mais aussi à d'autres facteurs contrôlés ou non qui relèvent
de la prise en charge des cas et de l'éducation sanitaire.
ANOPHELES - PLASMODIUM - RELATIONSHIPS; CONSEQUENCE FOR THE MALARIA TRANSMISSION
V. Robert
SUMMARY
The inter-relationship between Anopheles and its vectors constitute a subset of relationships which link together the three malaria actors: Man, Plasmodium, and Anopheles. The transmission of malaria involves as much the transfer of the parasite from mosquito to man as from man to mosquito. The following will be discussed in succession, with the aim of illustrating a few particular points of the Anopheles-Plasmodium relationship and their impact on the transmission of malaria: the infected bite of on anopheles, factors modulating the infectivity of gametocytes in the case of for the vector and finally transmission relationships between transmission-morbidity-mortality.
The bite of an anopheles, carrying sporozoites within its salivary glands, involves three distinct but linked processes which are at the some time both distinct and related: the penetration and probing by the mouth parts into the skin of the buccal appendages (probing), the injection of saliva containing sporozoites and blood feeding. Recent discoveries, concerning this infected bite focus mainly on the following four points:
- (1) The number of sporozoites actually injected into the host is approximately ten, but can occasionally be several hundreds. This number is surprisingly small and is equivalent to about 1 % of the number of sporozoites contained within the salivary glands.
- (2) Sporozoites injected into the skin during probing seem to be the only ones capable of reaching the liver of the host sporozoites injected into venous blood during feeding have no effect on the parasitic cycle as they are immediately re-ingested by the mosquito in its blood feed.
- (3) The success of a single bite in infecting a non-immune host is never absolute; though still imprecisely evaluated, it may be of the order of one chance out of two.
- (4) The success of an anopheles bite biting behavior of anopheline with the presence of sporozoites within its salivary glands appears to be modified, according to the vector species and perhaps also, depending on to the plasmodial species, with an increased in the penetration time of probinges and/or an increased average in the mean number of host being bitten in order to achieve complete repletion; such changes augment the transmission of malaria.
Factors modulating gametocyte infectivity for the vector are multiple and once again up to now, relatively poorly understood. Six factors are described here:
- (1) Gametocyte density is probably the most obvious factor; the lowest sufficient gametocyte density is required for vector infectivity to have a reasonable weak probability to be infective for the vector of success, but this condition is not enough, as in some cases, high densities are clearly not infective.
- (2) The sickle cell anaemia status of the gametocyte carrier can increases the infecting
ability of these gametocytes.
- (3) The high proportion of male gametocytes also plays a role in favouring successful the chances of infection.
- (4) Serum factors involving immunity by limiting or blocking transmission, can play an important role.
- (5) The age of gametocytes is an important factor, which is also remains poorly documented. Very young gametocytes at the time when they appear in the peripheral circulation are non-infective or only poorly infective; likewise, several week old gametocytes also have reduced infectivity.
- Finally (6), the direct or indirect impact of medicines anti-malarial drugs can be of great importance. By way of example, chloroquine has a stimulating effect on the infectivity of gametocytes, the sulphadoxine-pyrimethamine combination has a sporonticidal effect. Factors studied which do not influence vector infectivity are: the sex of the gametocyte carriers, their blood group, their rhesus factor, their body temperature and finally the presence and the density of asexual blood borne parasites.
Transmission-morbidity-mortality relationships lie at the heart of the anti-anopheline control problematic. In an epidemic or Lower poor endemicity area it has been clearly shown that transmission must be the lowest possible. On the other hand, in areas of mid to high endemicity, the comparison of epidemiological situations, varying according to the level of transmission, provide solid arguments to show that the level of transmission level is not a determinant factor for overall malaria morbidity and malarial mortality overall. However, this transmission level is a determinant factor for the dynamics of immune acquisition morbidity and mortality: in area of high endemicity the youngest age groups are those which show the highest morbidity and mortality rates clearly more affected in areas of high transmission, whilst the consequences of malaria are distributed more equitably between the different age groups in the weaker transmission regions. Many anti-vector projects (for example with bednets impregnated with insecticide) have shown some efficacy and an improvement in the malaria situation, but it is likely that:
- (1) This improvement is only a short term effect (one or two years) and/or
- (2) That this improvement is not only due to the reduction in transmission, but also to other factors controlled or otherwise which involve case management and health education.